Les avions de
chasse du début des années trente demeuraient,
pour l'essentiel, semblables à ceux de 1938, avec
leurs revêtements de toile et leurs câbles de
haubanage. Dès 1939, toutefois, les nations les mieux
équipées allaient disposer de chasseurs rapides,
à revêtements travaillants, fortement armés
et disposant de performances très supérieures.
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En 1930, un certain
nombre de techniques nouvelles avaient fait leur apparition,
et l'on pouvait envisager de les adopter toutes pour réaliser
de nouveaux types de chasseurs, ce qui aurait été
impossible quelques années plus tôt. A la même
époque, les états-majors des forces aériennes
de certains pays (mais non de tous) étaient psychologiquement
prêts à affronter les contraintes du progrès.
Les chasseurs alors en service étaient très
peu différents de ceux de la fin de la Grande Guerre.
Leurs cellules, à ossature en tubes d'acier ou d'alliage
léger, parfois encore en bois, étaient entoilées
et raidies par câbles. C'était le plus souvent
des biplans, quelquefois des monoplans de type parasol.
Leur armement se composait en général de deux
mitrailleuses, et ces avions ne relevaient d'aucune technique
véritablement nouvelle.
Quelles étaient ces techniques nouvelles ?
C'était d'abord celle de la construction semi-monocoque,
qui consistait, au lieu de recouvrir une armature plus ou
moins rigide de toile légère, à faire
participer le revêtement à la tenue mécanique
de l'ensemble, à la manière de la carapace
des crustacés. Dès 1916, les fuselages des
Albatros relevaient de cette technique; toutefois, ils étaient
construits en bois. L'avènement de la construction
métallique ouvrit la perspective de revêtements
travaillants, grâce auxquels il était possible
d'adopter des formes aérodynamiquementtrès
pures et de dessiner des monoplans à aile basse cantilever
dépourvue de haubans. Quant aux premiers monoplans,
ils voyaient leurs avantages théoriques réduits
à rien par le fait que leurs voilures étaient
soit très épaisses, soit encombrées
de mâts et de «ficelles ». La technique
du revêtement travaillant permettait de réaliser
des voilures de faible épaisseur relative, dépourvues
de tout dispositif raidisseur externe.
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La puissance des moteurs, qui ne dépassait guère
500 ch en 1930, crût rapidement, atteignant 1 000
ch en 1935 et promettant de doubler bientôt. Leur
installation fut améliorée, principalement
dans le cas des moteurs en étoile à refroidissement
par air. Elle devint aussi plus compacte, autorisant de
meilleures performances; des moteurs apparurent, qui pouvaient
fonctionner par températures très basses ou
très élevées. Auparavant, les moteurs
en étoile avaient été montés
sur les cellules sans grand souci d'aérodynamisme,
et ne permettaient pas de réaliser des vitesses aussi
élevées qu'avec les moteurs à 12 cylindres
en V, refroidis par eau. Au lieu des hélices en bois,
sculptées dans la masse, on disposait d'hélices
métalliques à pales indépendantes,
articulées autour du moyeu et dont le pas pouvait
être ajusté en fonction du régime de
vol. Les premières hélices à pas variable
avaient volé avant 1920, mais n'avaient débouché
sur aucune production en série. En 1930, le pas des
hélices dites « à vitesse constante
» était réglé automatiquement,
selon la vitesse de l'avion et le régime du moteur.
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Les trains d'atterrissage escamotables étaient également
apparus en 1920, mais les chasseurs de 1930 en restaient
encore dépourvus. Personne, il est vrai, n'avait
encore montré qu'ils pouvaient être à
la fois simples et résistants. De même, les
premières verrières coulissantes dataient
de 1914, mais, réalisées en Celluloïd,
elles n'offraient pas la transparence souhaitable, ce qui
avait amené les pilotes à les rejeter. Les
installations radio, les bouteilles d'oxygène et
les équipements de vol de nuit commençaient
à apparaître au début des années
trente, et l'armement devenait plus puissant.