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RENDEZ-VOUS A MONS
- 1914
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Au déclenchement de la Première Guerre mondiale,
deux plans étaient mis en oeuvre par des armées
comptant des millions d'hommes sous les drapeaux : le Plan
17, sous la direction du général
Joffre, et le plan Schlieffen, sous celle du général
Moltke. Préparés de longue date, ces plans
devant assurer une victoire rapide.
Le Plan 17 ne survécut pas aux désastreuses
batailles des frontières. L'esprit d'offensive des
troupes françaises sans lequel ce plan ne pouvait
réussir s'était usé face aux mitrailleuses
allemandes. En outre, le commandement allemand se dérobait
devant l'armée française.Au lieu de se précipiter
dans le gigantesque piège tendu dans la Trouée
des Charmes, entre Nancy et Belfort, les Allemands dirigeaient
tout leur effort en direction des Pays-Bas, dans le but
d'encercler la totalité de l'armée française.
Le commandement quelque peu hésitant du généralissime
allemand était compensé par la rigidité
du plan Schleiffen qui commandait chaque mouvement de l'immense
armée du IIème Reich. La présence de
feu du général Graf von Schleiffen était
presque tangible, tant ses directives semblaient impératives
pour le quartier général impérial.
Sur son lit de mort, ses dernières paroles avaient
été : "à L'aile droite ! Renforcez
l'aile droite !". C'est ainsi que l'aile droite, commandée
par le froid et efficient général von Kluck
enfonçait le front belge, écrasait
les forts de Liège, isolait Anvers et marchait vers
la frontière française. A sa gauche, pivotant
autour deer la forteresse française de Verdun, les
II et IVe armées jouaient le rôle de leurre.
A l'étonnement général, ce mois d'août
consacrait la victoire d'un général aller
mort, grâce au plan duquel les armée Reich
avançaient. Les redoutables forteresses de tombaient
en quelques jours sous les coups des pièces de siège
Skoda, les plus lourds canons employés jusque-là
à terre. Vers le sud, les batailles de frontières
étaient portées par le prince impérial
Wilhel Kronprinz et le duc de Würtemberé. Les
ouvrages de Liège une fois réduits, la IIème
armée du général von Bülow et
la IIIe armée du général von Hausen
descendirent la Meuse, prenant Huy, Namur et Dinant, s'enfonçant
dans le dos de l'armée française.
La Ière armée allemande faisait d'étonnants
progrès. Louvain puis Bruxelles tombaient entre
ses mains presque sans coup férir. Au bout de 18
jours de campagne, 200 000 hommes et 40 000 chevaux avaient
parcouru 160 km, tirant derrière eux des milliers
de canons. La résistance sporadique de quelques
soldats belges ou français ne perturbait pas les
hommes de von Kluck. Quelles rares francs-tireurs, en
accord avec les lois de la guerre, étaient immédiatement
fusillés avec leurs complices. Ces succès
semblaient bien naturels aux jeunes gens qui composaient
la Ière armée allemande. Quelques-uns avaient
entendu dire que l'armée britannique avait débarqué
et se préparait à leur faire face. Mais
cette menace faisait naître un sourire sur leurs
lèvres. L'armée britannique était
une plaisanterie en comparaison avec l'énorme armée
impériale. Les journaux satiriques allemands se
moquaient des uniformes et de la casquette plate des Anglais.
Mais la première renconre entre les deux armées
allait changer du tout au tout cette impression première.
Le capitaine Walter Bloem, commandant une compagnie de
la 12e division de grenadiers brandebourgeois, approchait
des bâtiments d'une ferme dans les faubourgs de
Tertre, au nord du canal situé entre Condésur-l'Escaut
et Mons.Tournant au coin d'une grange, le capitaine aperçut
un groupe de beaux chevaux, tous sellés. Walter
Bloem venait de donner des ordres pour capturer ces chevaux,
quand apparut, derrière les animaux, un homme dans
un uniforme brun et coiffé d'une étrange
casquette plate. Était-ce un soldat ? Pas sur.
C'en était un pourtant. Il s'agissait d'un officier
du Squadron A du 19e hussards, le régiment de cavalerie
attaché à la 5e division de la British Expeditionary
Force. Derrière cette avant-garde, protégés
par les 20 m de largeur du canal, attendaient les fantassins
de la 14e brigade d'infanterie de la 5e division de la
BEF. D'autres brigades couvraient les flancs de l'unité.
Elles étaient reliées à la 3e division,
avec laquelle elles formaient le II, Corps britannique
sous le commandement du général
sir Douglas Haig, dont la ligne de front se poursuivait
vers l'est et rejoignait les formations du général
Lanrezac.
La British Expedionary Force comptait deux corps d'infanterie
et une division de cavalerie sous le commandement du Major-General
sir Edmund Allenby. Celui-ci avait commencé d'embarquer
le 12 août depuis Dublin et Southampton en direction
des camps de regroupement du Havre et de Rouen. Les Britanniques
prirent alors le train et remontèrent vers le nord,
aussi loin que la petite ville du Cateau, puis marchèrent
encore cinq jours, le long de routes pavées et
sous un soleil de plomb. Ces premiers kilomètres
avaient multiplié les défaillances dues
aux blessures de la plante des pieds, en particulier parmi
les réservistes. Après quelques heures de
repos, les hommes venus de tous les royaumes de Grande-Bretagne
étaient frais et dispos, prêts à affronter
l'armée impériale. Ils creusèrent
leurs positions autour du saillant de Mons, le long du
canal et près de seize ponts le traversant.
Armés de fusils Lee-Enfield, de revolvers Webley
et de mitrailleuses Vickers (deux par bataillon), ils
étaient fin prêts pour l'épreuve de
force à venir. La journée du 23 août
s'annonçait comme les précédentes,
calme et ensoleillée. L'odeur de café frais
envahissait les bivouacs des soldats, qui eux préparaient
leur premier thé de la journée. Soudain,
brisant la sérénité du matin, l'explosion
d'un obus dans les faubourgs de Mons, au cour des positions
des Royal Fusiliers, fit comprendre aux hommes que la
guerre venait de commencer pour eux. Bondissant vers leurs
armes, les fantassins allaient connaître la plus
difficile journée de leur existence.
Aussitôt dissipée la fumée de l'explosion,
l'apparition d'une patrouille de la cavalerie allemande
ne surprit personne et elle fut accueillie par des salves
nourries qui abattirent cavaliers et chevaux. D'un bond,
les plus courageux des Britanniques sortirent de leurs
cachettes et se précipitèrent vers les Allemands
à terre. Ils ramenèrent l'Oberleutnant von
Arnim des hussards de la mort, un genou fracassé.
Le premier prisonnier de la BEF. Des milliers d'autres
allaient le suivre tout au long de quatre années
de guerre.
Cette rencontre avait mis la ligne britannique en alerte,
les soldats, tous les sens aux aguets, attendaient l'ennemi.
A 1600 m devant leurs yeux ébahis, ils contemplaient
l'armée allemande en marche. Des bois, des champs,
des haies, des routes, des sentiers et des rues débouchait
une marée humaine, des colories interminables de
soldats en uniformes vert de gris marchant à vive
allure.
Observant avec attention l'ennemi, un officier britannique
demanda à un de ses hommes de le pincer, ne s'agissait-il
pas d'un mauvais rêve ? Le long des 16 km du canal,
les Britanniques regardaient les Allemands s'approcher
de leurs positions, ignorants de ce qui les menaçait.
Sept mille cinq cents fusils Lee-Enfield, chacun tenu
par un soldat expérimenté pouvant tirer
quinze coups précis par minute, étaient
pointés en direction des uniformes vert-de-gris
qui avançaient comme le rouleau compresseur d'une
énorme machine humaine. De place en place, des
mitrailleuses Vickers attendaient l'ordre d'ouvrir le
feu. Bien disciplinés, les fantassins de la BEF
attendirent que les Allemands soient parvenus à
550 m, distance jusqu'à laquelle la trajectoire
des balles du Lee-Enfield demeurait horizontale.
Lorsque le feu fut ouvert, le carnage fut considérable.
En quelques minutes des bataillons entiers avaient disparu,
hachés par les balles anglaises. Walter Bloem et
sa compagnie furent immédiatement jetés
à terre par l'incroyable précision du tir.
Quelques survivants des premières salves sauvèrent
leur vie en concevant une ruée vers la berge du
canal, où ils passèrent le reste de la journée,
entendant les balles siffler au-dessus d'eux. Le volume
de feu était tel que Walter Bloem et les autres
rescapés de cette funeste journée resteront
convaincus que chaque bataillon anglais leur faisant face
disposait d'un nombre de mitrailleuses compris entre douze
et vingt-quatre unités. Les 7 500 Britanniques
ne pouvaient espérer arrêter indéfiniment
200 000 Allemands. De petits groupes parvinrent aux ponts,
traversant le canal, arrivée vers la fin de la
journée, l'artillerie ouvrit des brèches
dans les lignes britanniques. Les Royal Fusiliers et le
4e Middlesex, tenant les deux côtés du saillant
de Mons, se trouvaient dans une situation particulièrement
dangereuse, les Allemands bombardant la ville pour y forcer
le passage. L'un après l'autre arrivaient les bataillons
de von Kluck qui s'engouffraient dans les brèches.
Vers 16 heures, le IIe Corps, sérieusement menacé,
envisagea la retraite. Les hommes du génie protégés
par l'arrière-gare firent sauter les ponts sur
le canal. Sur sa droite, les Français, eux aussi,
commençaient à reculer. A 21 heures, l'ordre
définitif de retrait fut donné et, en dépit
des succès de la journée, les Britanniques
entreprirent leur longue marche vers l'ouest, laquelle
n'allait prendre fin qu'avec la bataille de la Marne.
Ils laissaient derrière eux des Allemands qui trouvaient
que la victoire de Mons avait un goût bien amer.
Cette «méprisable petite armée »
venait de révéler ses qua!ités militaires.
Elle n'allait plus jamais être mise en doute.
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