Après
la reconquête de la Normandie en 1450, Charles VII
envoya en 1450 le comte de Dunois reconquérir la
Guyenne avec une grande armée de Français.
Les Anglais avaient compté sur le concours d'un grand
nombre de Gascons, associés depuis longtemps au roi
d'Angleterre pour la défense de leur région
contre les attaques du roi de France. Ils avaient déployé
des troupes dans la région, et les Gascons pro-Anglais
ne purent résister à l'assaut de l'armée
royale. La Guyenne fut reconquise en un temps remarquablement
court. Couronnée de succès, la campagne de
reconquête se termina le 30 juin 1451 avec l'entrée
des Français à Bordeaux.
Mécontents du nouveau régime français,
en particulier en ce qui concerne les contraintes imposées
au commerce lucratif avec l'Angleterre, les notables de
Bordeaux, soucieux de commerce, envoyèrent une délégation
à Londres, et convainquirent le roi d'Angleterre,
Henry VI, d'envoyer une armée. Le fameux vétéran,
John Talbot, alors âgé d'environ 75 ans, reçut
mission de conduire une expédition de 3 000 hommes,
laquelle débarqua en Guyenne le 17 octobre 1452.
Immédiatement les citoyens de Bordeaux ouvrirent
les portes de la cité à Talbot, en chassant
la garnison français, surprise par l'évènement.
Beaucoup de villes de Guyenne suivirent aussitôt cet
exemple, en réaffirmant leur loyauté envers
l'Angleterre, et la reconquête de Charles VII de 1451
se defit.
Stratégiquement parlant les Français avaient
été surpris. Ils avaient cru que l'expédition
anglaise était destinée à la Normandie.
Ce ne fut qu'au milieu de l'été de 1453 que
Charles VII réunit une force d'invasion de la Guyenne.
Trois armées française investirent le Bordelais.
Charles VII suivait avec une armée de réserve.
Le fils de Talbot, Lord de Lisle, arriva à Bordeaux
avec des troupes anglaises supplémentaires, ce qui
porta le contingent anglais à environ 6 000 homes.
A la mi-juillet, l'armée française venant
de l'est mit le siège devant la cite de Castillon,
sur la Dordogne.
En un temps très court, les 700 ouvriers français
édifièrent une fortification de campagne basée
sur une tranchée utilisant un ancien lit asséché
de la Lidoire, affluent de la Dordogne. Pendant longtemps
le dessin irrégulier du périmètre du
camp français a intrigué les historiens. Une
autre caractéristique remarquable du camp français
était sa composition. Selon les comptes rendus il
contenait 300 canons et bombardes, beaucoup plus que ce
que l'on aurait pu attendre d'une force mobile d'invasion.
Bien que la répartition exacte de cet armement entre
les pièces d'artillerie et les canons à main
soit inconnue, il y a peu de doute qu'un nombre significatif
d'armes était des canons à main, et qu'ils
étaient probablement supervisés par le mercenaire
gênois Guiribaut. Le camp français était
essentiellement un parc d'artillerie. Il contenait au moins
6 000 hommes, et ce chiffre est quelquefois porté
à 9 000.
La cavalerie de 1 000 hommes d'armes bretons se tenait à
1,5 km au nord du camp, sur un monticule appele Horable.
On ignore si l'irregularité de la ligne de défense
du camp français était entièrement
due au hasard de la configuration du lit asséché,
ou si elle fut recherchée et accrue pour optimiser
le feu d'enfilade des canonniers contre les troupes attaquantes.
La ville de Castillon était située hors de
portée de l'artillerie, et aucun effort ne fut fait
pour établir des lignes de siège plus de la
ville, ou pour l'isoler. Un millier d'archers français,
commandes par Joachim Rouault, avaient été
placés en avant-poste dans le prieuré de St-Laurent,
au nord de Castillon, en un point situé sur la route
de toute force qui viendrait de Bordeaux.
La force montée
de Talbot passa la Lidoire à gué à
600 mètres à l'ouest du camp français.
Les Anglo-Gascons n'avancèrent pas directement sur
le camp français en venant de l'ouest, mais opérèrent
un mouvement tournant pour attaquer par le sud le camp dans
sa plus gande longueur. Tandis qu'il s'approchait des Français,
il est possible que Talbot, un vétéran, ait
réalisé qu'il s'était gravement trompé
sur la situation. Mais rien dans son expérience passé
n'aurait pu permettre d'evaluer le grave danger que pouvait
constituer le mur de feu d'un tir d'artillerie. Cette fois-ci,
c'était le tour de Talbot d'être surpris. Les
canonniers français l'attendaient à l'endroit
même où il se trouvait maintenant.Talbot ordonna
à ses troupes de mettre pied à terre pour
l'attaque, tandis qu'il resta à cheval sur son blanc
poulain. L'assaut fut lancé aux cris de "Talbot
! Saint Georges !".
Les Anglo-Gascons qui réussirent à suvivre
au tir massif de l'artillerie peinèrent à
franchir le fossé et à monter sur le parapet.
On raconte que Thomas Evringham réussit à
planter sa bannière au sommet du parapet, payant
cette gloire de sa vie. Les canons français pilonnaient
les attaquants avec un feu d'enfilade à bout portant,
mettant plus de gens hors de combat qu'il n'en tuait.
L'attaque en vint au corp-à-corps en plusieurs points.
Les Anglo-Gascons, en infériorité numérique
certaine, accrurent leur nombre par paquets, au fur et à
mesure que troupes à pied arrivaient sur les lieux.
Il y a pu avoir finalement près de 4 000 hommes de
l'armée de Talbot sur le champ de bataille, un nombre
encore insuffisant pour l'emporter dans l'assault de cette
position de campagne preparée à l'avance.
L'artillerie de Talbot ne put jamais arriver à temps.
ils réussirent à continuer la lutte pendant
environ une heure, jusqu'au milieu de la journée.
A ce moment la cavalerie bretonne apparut sur le flanc des
Anglo-Gascons.
Les archers français s'élancèrent hors
de l'enceinte du camp, derrière laquelle ils s'étaient
abrités au début de la journée, et
exploitèrent à fond leur avantage face à
un ennemi qui était maintenant en déroute.
Tandis que son armée battue cherchait refuge en passant
à gué la Dordogne au pas de Rauzan, Talbot
fut laissé coincée sous cheval qui avait été
abattu par tir de canon. Un archer français, du nom
de Michel Pérunin, inscrit son nom dans les annales
de l'histoire en achevant le comte d'un coup de hache sur
la tête. Le fils de Talbot fut aussi tué.
Quelques Anglo-Gascons trouvèrent refuge à
Castillon; d'autres furent poursuivis jusque dans le villes
avoisinantes. Fin terrible pour les anglais qui perdirent
une bataille mais surtout un meneur d'homme : J. Talbot.