Ce comptoir était
devenu le plus important des établissements français
en Inde, par l'ambition d'un roi, Louis XIV puis d'un gouverneur,
Dupleix. Au-delà de l'échec militaire, le
recul de l'influence française s'explique par l'absence
d'une véritable volonté d'affirmation de la
France dans cette partie de l'Asie.
Arrivés bien après les Portugais (1497), les
Anglais (1601) et les Hollandais (1605), les Français
ne se sont implantés aux Indes qu'à partir
du règne de Louis XIV, dans la seconde moitié
du XVII` siècle. Les Français assurèrent
leur implantation en créant d'une part la Compagnie
des Indes Orientales (à l'initiative de Colbert en
1664) et d'autre part des comptoirs : Surate (1666), Pondichéry
(1674), Yanaon, Masulipatam, Chandernagor (1686), Mahé
et Calicut (1721-1723), et Karikal (1739). Le rachat de
la Compagnie en 1719 par le contrôleur général
des finances Law' développe une activité dont
l'essor dura bien au-delà de sa faillite. Vers 1730,
la Compagnie est florissante et fait des bénéfices
bien supérieurs à ceux des Anglais.
Dès 1740, la Compagnie met sur
pied des bataillons de Cipayes recrutés parmi les
indigènes, constitués sur le modèle
des armées françaises. Ces unités sont
mises au service de nababs alliés; en échange
d'avantages commerciaux et de la concession de quelques
territoires côtiers. Toutefois, la politique française
en Inde n'a pas pour objet d'imposer une véritable
souveraineté de la France : il s'agit d'une implantation
essentiellement commerciale.
À partir de 1740, la guerre de succession d'Autriche
(1740 - 1748) puis la guerre de Sept ans (17561763) conduisent
Français et Anglais à s'opposer en Europe,
mais aussi dans le monde : l'Asie devient un des théâtres
d'opérations. Cette période correspond à
la présence du gouverneur Dupleix qui, de 1742 à
1754, s'applique à renforcer la présence française
aux Indes et à en chasser les Anglais. Cette politique
n'est pas sans danger
Dupleix s'empare de Madras en 1746, mais ce succès
provoque un sursaut des Anglais qui menacent Pondichéry
en 1748.
La levée de troupes coûte cher et bientôt
Dupleix n'est plus soutenu par la Compagnie, attentive surtout
aux bénéfices. Louis XV croit davantage aux
chances de la France en Amérique qu'aux Indes. Au
début de la guerre de Sept ans, l'accumulation des
dettes entraîne le rappel de Dupleix. Un nouveau gouverneur,
Lally-Tollendal, est bientôt nommé en 1756
: il n'a aucune connaissance ni de la Compagnie, ni de l'Inde.
Il écrit en 1758 : "le Roi et la Compagnie m'ont
envoyé dans l'Inde pour en chasser les Anglais...
tout autre intérêt m'est étranger".
C'est alors que les Anglais décident de prendre le
contrôle de la péninsule indienne, et d'en
éliminer définitivement les Français.
Ils se tournent contre les princes indiens alliés
aux Français et remportent une succession de victoires
: Chandernagor est prise en mars 1757 et le 22 juin, la
victoire de Plassey leur permet de dominer le Nord-Est de
l'Inde. La prise du comptoir de Masulipatam (9 avril 1759)
prive les Français du contrôle de la côte
nord de Coromandel. Enfin la perte de Vandavachy la même
année provoque une crise de confiance à la
fois parmi les princes alliés, dans la troupe constamment
en état de révolte, et dans la population
française. Le gouverneur Lally-Tollendal, maladroit,
ne parvient pas à y faire face.
En septembre 1760, le colonel anglais Coôte, à
la tête d'une armée, de 4 500 sujets britanniques
et de
10 000 indigènes, appuyée par 16 navires,
arrive devant Pondichéry. Lally-Tollendal ne dispose
plus que d'un millier d'hommes. Au bout de sept jours de
combat, il s'enferme dans les murs de la ville : le siège
commence. Il dure cinq mois, l'artillerie anglaise bombarde
la citadelle, mais ne donne pas l'assaut. La chance semble
sourire aux Français lorsque neuf navires anglais
sont détruits par un cyclone le 1er janvier 1761,
mais la faiblesse des soldats français et le manque
de secours empêchent un retournement de la situation.
Avec une garnison anémiée
de 700 soldats, dont une cinquantaine seulement capable
de combattre, et une population ravagée par la misère,
Pondichéry capitule le 16 janvier 1761. La garnison
dépose les armes. Les bâtiments civils et militaires
sont détruits, les Anglais se doutant que le futur
traité de paix rendrait Pondichéry à
la France et que seule une complète destruction empêcherait
l'influence française de resurgir.
Si la création du comptoir de Pondichéry a
constitué le fondement de l'Empire français
dans les Indes, la capitulation de la ville en a marqué
la chute. Le traité de Paris de 1763 restitue les
comptoirs à la France mais établit définitivement
la souveraineté britannique sur le territoire des
Indes. Lally-Tollendal, quant à lui, est jugé
rapidement et envoyé à l'échafaud le
9 mai 1766, hué par la foule, accusé de trahison.