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LE DEPLACEMENT DES MASTODONTES EN 14-18

Les combattants de la Grande Guerre firent usage de pièces d'artillerie lourdes à une époque où les transports mécanisés existaient à peine. Ils ont d'ailleurs joué un certain rôle mais les exigences de la logistique ont fréquemment imposé le recours à l'homme et au cheval. Les transports mécanisés font aujourd'hui partie de l'existence quotidienne, et il est, pour nous, très surprenant d'apprendre qu'il n'en était pas de même au début du siècle.
Avant la Première Guerre mondiale, la race humaine - parfois assistée par celle du cheval - restait la plus grande source d'énergie. II faut s'en souvenir lorsqu'on en vient à aborder les problèmes soulevés par l'artillerie lourde; la traction mécanique, les dispositifs de levage à moteur restaient peu répandus, et, pour déplacer de massives pièces d'artillerie, il n'y avait souvent pas d'autre solution que de recourir à la force humaine et animale.

Au cours des siècles, les canonniers apprirent à déplacer les charges les plus lourdes - ainsi un très gros canon et son affût - à l'aide de procédés très primitifs. Ils faisaient usage d'un système compliqué de madriers, de poutres, de poulies et de leviers, à quoi venait s'ajouter un travail humain considérable. Mais ces méthodes éprouvées se révélées bientôt peu utiles lorsqu'il fallut manipuler des canons de très gros calibre. Fort heureusement, les véritables monstres mis en service au cours de la Grande Guerre étaient le fruit de techniques métallurgiques et mécaques déjà assez avancées; leurs concepteurs y inclurent donc sount un système qui en permettait le maniement au prix d'efforts bien gindres et qui, par surcroît, en renforçait la sécurité. L'engin était pourvu de rails ou de treuils et pouvait donc être déplacé et déposé sur e plate-forme de transport, sans qu'on ait à se servir de dispositifs spécia!isés. Certaines pièces d'artillerie lourde comprenaient une grue, égrée ou mobile, qui faisait partie de l'équipeënent standard.


Les problèmes liés au déplacement de l'artillerie lourde n'étaient donc plus aussi épineux qu'autrefois, mais il restait encore bien du travail à accomplir. II fallait, par exemple, creuser des puits pour loger la lourde plate-forme de tir dont la plupart des canons de cette époque avaient besoin; parfois même l'importance du recul lors de chaque tir obligeait à un terrassement supplémentaire. Le montage proprement dit de l'arme se faisait souvent manuellement, et c'est d'ailleurs pourquoi seuls les appelés les plus grands et les plus forts se retrouvaient dans les unités d'artillerie lourde.


Montage et démontage ne représentaient d'ailleurs qu'un aspect du travail. Une fois un canon réduit à ses éléments de base, il fallait transporter ceux-ci jusqu'à leur destination. Ce genre de travail était auparavant généralement confié à des chevaux ou à des animaux de trait. Mais les pièces d'artillerie de la guerre de 14-18, si massives, exigeaient bien trop d'attelages pour que ce système soit efficace. Seus les nations les moins importantes durent sent contenter. Les autres recoururent aux engins à moteur - essentiellement au tracteur -, à la traction à vapeur et même au train.

Les véhicules utilisés étaient le plus souvent de simples modèles commerciaux réquisitionnés qui ne connurent que peu de modifications. II n'en alla pas de même avec le tracteur à moteur. C'était un engin assez rustique qui, souvent, ne disposait que d'une puissance limitée. Pour qu'il puisse véritablement remplir son rôle, il fallut donc accroître massivement ses dimensions et le doter de grandes roues. Les tracteurs de la Grande Guerre spécialisés dans la traction de l'artillerie devinrent donc d'énormes capots montés sur roues, leurs conducteurs n'étant plus qu'un simple accessoire de l'appareil. Les nombreux modèles mis au point en Autriche et en Allemagne - AustroDaimler et véhicules du même ordre - sont typiques de ce genre de conception.
Par ailleurs, tous ces engins, même en temps de guerre, ne furent jamais disponibles en nombre suffisant pour satisfaire à tous les besoins. Les canonniers, plus d'une fois, durent se contenter de chevaux, de boeufs de labour et parfois même de chameaux ! II est difficile d'imaginer les épuisantes difficultés auxquelles la conduite de ces animaux donna lieu sur les champs de bataille ravagés de toute l'Europe; on ne peut que s'incliner devant le courage et la ténacité des servants.


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