Les premiers tanks
furent engagés dans la Somme en 1916, vers l'automne.
Les résultats furent médiocres car leur utilisation
et leur entraînement n'étaient pas au point. Pourtant,
le commandement allié en attendait beaucoup, il connaissait
mal ces engins mais il espèrait. Ils furent dispersés
par unités ou par paires le long du front, l'idée est
qu'ils seraient capables de percer les lignes ennemies.
De plus, le terrain ne se prêtait pas pour un assaut
de blindé, il était si boueux que les hommes eux-mêmes
avaient du mal, à y avancer. Les tankistes essayaient
de faire plier l'état major pour que l'assaut soit reporté.
L'offensive de la Somme fût un bain de sang. Mais surtout,
les allemands avaient pu capturer des chars et ils étaient
déjà en train de mettre au point un projectile contre
ces blindés. Pendant ce temps, les chars MK-1 et quelques
nouveaux MK-2 avaient été envoyés sur un terrain neigeux
prés de Bullecourt, mais ce n'est pas le terrain qui
cloua beaucoup de ces blindés au sol. Les nouvelles
cartouches allemandes perçaient le blindage des chars.
Les fantassins allemands percevaient 5 cartouches de
ce type, ces cartouches de type "K" équipées même des
mitrailleuses.
Les britanniques retenurent
la leçon, ils revirent le mode de fixation des plaques
de blindage. Le char MK-IV faisait appel à des blindages
plus épais, résistants aux projectiles spéciaux des
allemands. Le système de ventilation interne des blindés
fût même repensé et amélioré. Les MK-4 entrèrent en
action en juin 1917 à Messines. Les chars engagés, environ
75 MK-4, avaient pour mission de soutenir l'infanterie,
mais non d'opérer eux même la percée. La principale
tache qui leur fut assigné, était de nettoyer les nids
de mitrailleuse. Les chars pour l'assaut arrivaient
la veille de la bataille, car ces lourdes carcasses
faisaient un tel bruit qu'il fallait les déplacer à
l'avance afin d'éviter leur repérage. De plus, le bruit
couvrait toute communication entre les véhicules, il
était donc nécessaires d'utiliser des marquages au sol
pour que les unités blindés gagnent leurs positions.
Faute de marquage, des guides devaient conduirent les
blindés. Si par malheur, il n'y avait ni guides, ni
marquages, les équipages de blindé devaient trouver
seuls leurs positions. Ils se basaient sur des croquis
ou sur les montées de l'infanterie. Arrivés au but,
ils étaient exténués avant même le début de la bataille.
La bataille de Messines
fût un modèle fu genre pour l'époque. Aprés que les
mines eurent explosées, les tanks partirent droit devant,
accompagnés par les vagues d'infanterie. La première
ligne allemande fût conquise sans trop de mal par les
fantassins, pendant ce temps les blindés avançaient
en direction de la seconde ligne allemande. Un char
MK-4, montra l'exemple type de complémentarité entre
blindé et infanterie. En effet, il détruisit tous les
nids de mitrailleuses allemands d'un village, ce dernier
pût être occupé facilement par l'infanterie. Bien sur,
il y avait des chars qui étaient embourbés, mais ces
derniers constitués des points d'appui pour l'infanterie.
Mais cet assaut n'a pas montré toute l'étendue de l'utilisation
des blindés, une fois encore, les blindés s'étaient
vus assigner des objectifs secondaires, on faisait toujours
une confiance quasi aveugle à l'infanterie. Mais les
tanks marquèrent des points, ils avaient prouvés de
façon indéniables qu'ils pouvaient être plus qu'un soutien.
Ils perçèrent les lignes, appuyèrent l'infanterie, nettoyèrent
des nids de mitrailleuses...
Cela faisait déjà quelques temps que les officiers spécialisés
de l'arme blindé poussés les états majors pour un changement
radical dans l'emploi des chars. Ils demandèrent surtout
que l'on emploie les blindés sur un terrain assez plat,
c'est à dire pas encore pilonné par l'artillerie. Ils
obtinrent satisfaction et la première bataille de Cambrai,
le 20 novembre 1917 prouva qu'ils avaient raison.
Le secteur de Cambrai
n'avait pas trop eu à subir les bombardements des artilleurs.
Le teraain était donc assez dégagé et plat. Par contre,
il avait été creusé des tranchés antichars, larges et
profondes. Les anglais avaient imaginé un système :
les chars travailleraient par groupe de 3, chacun emportant
une grosse fascine, le premier jetterait la sienne dans
la tranchée, les deux autres passant dessus et ainsi
de suite. Aucun bombardement d'artillerie ne prévient
les allemands de l'arrivée en masse des alliés. Environ
380 chars partirent à l'assaut des lignes allemandes.
Une centaine étaient en soutien.
Le 20 novembre à heures du matin,
les chars franchirent sans aucun problèmes les trois
tranchées antichars. Leur apparition causa une telle
stupeur chez l'ennemi que beaucoup s'enfuirent en
laissant armes et bagages derrière eux. Les mitrailleuses
allemandes essayèrent de precer les blindages et résistèrent
jusqu'au bout. Le nouveau blindage ne laissa rien
passer. Aprés les premières lignes, les chars pénetrèrent
par endroit sur plus de 8 kilomètres, plus qu'en 5
mois de combats meutriers. Bien sur, ce ne fût pas
une réussite complète, par certains endroits quelques
canons allemands détruisirent plusieurs chars. Mais
globalement l'attaque fût une réussite. Les chars
avaient ouvert les lignes, mais l'infanterie et la
cavalerie ne suivèrent pas et la contre attaque allemande
pu reprendre tout le terrain qu'ils avaient perdu.
Les tankistes étaient furieux, l'état-major ne leur
avaient fait qu'à moitié confiance, une fois de plus.
Les chars ne purent tenir seul le terrain. Ils durent
se replier. La bataille de Cambrai était une semi-réussite
ou un semi-échec, tout dépend du point de vue par
lequel on l'observe. D'autres erreurs de ce type furent
commises les mois suivants, mais peu à peu, l'évidence
s'imposait, les blindés arrivaient à creuser les lignes
allemandes rapidement et avec un minimum de perte
humaine.
L'arrivée des nouveaux
chars MK-5 qui formèrent une quinzaine de bataillons
apportèrent encore plus de puissance. Et peu à peu,
l'infanetrie fut associé aux assauts, avec des résultats,
ces fois-ci, trés bons. Le plus belle exemple fût la
bataille d'Amiens qui débuta le 8 août 1918. C'est la
plus grande bataille de chars de la première guerre
mondiale. Elle engagea plus de 450 blindés et environ
120 en soutien. Les nouveaux MK-5 constituaient l'essentiel
des bataillons d'assaut. Le résultat fût sans commune
mesure, le premier jour l'avance atteignit 12 kilomètres,
beaucoup de perte car les canons allemands étaient les
seuls ennemis redoutables pour les blindés mais la cavalerie
et l'infanterie avaient suivis. Par certains endroits,
on remarqua que la cavalerie seule avait été décimée
ou été en fuite devant des nids de mitrailleuses allemands,
la preuve était faite, la cavalerie n'avait plus d'avenir,
les blindés eux, avaient un futur prometteur. Et de
jeunes officier allemands vaincus le savèrent, ils prirent
leur revanche en 1940.