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Le
11, août 1798 (14 thermidor an VI) à 13 h 30,
les veilleurs du vaisseau français l'Heureux
signalent une dizaine de voiles venant du nord-ouest. Ce
ne peut être que Nelson. Une demi-heure plus tard,
les signaux du branle-bas de combat montent dans la mâture
de L'Orient, vaisseau de l'amiral Brueys ainsi que
ceux de «gréer les perroquets» au cas
où les Anglais attendraient l'aube pour attaquer,
et qu'à la faveur de la nuit la flotte française
puisse s'esquiver. Brueys fait passer 150 hommes de la Sérieuse
pour renforcer l'équipage du Tonnant.
Chaque unité rappelle les embarcations occupées
à faire de l'eau.Car par une aberration stratégique,
les Français, pourtant présents sur les côtes
égyptiennes depuis près d'un mois, se sont
laissés surprendre ! La balance des forces est équilibrée. Les Anglais alignent 13 vaisseaux de 74 canons et un de 50 (le Geander) alors que les Français comptent 13 vaisseaux, dont 3 hors d'âge, réarmés à la hâte alors qu'ils étaient destinés à la casse, 4 frégates et 4 bricks. Mais cet inconvénient est compensé par le trois-ponts de 120 canons (L'Orient), 3 vaisseaux de 80 canons (le Guillaume-Tell, le Tonnant, le Franklin) considérés comme les meilleurs vaisseaux en service à cette époque ce qui confère aux Français un avantage en puissance: 1 182 canons en majorité de 36 livres contre 1012 canons principalement de 24 livres pour les Anglais. Un
brick français est détaché vers les
Anglais pour les attirer sur les récifs. Mais les
Anglais ne donnent pas dans le piège. Ils reviennent
au vent. La brise nordnord-ouest leur est favorable. A 17
heures, L'Orient ordonne à tous les bâtiments
de se réunir les uns aux autres par de gros câbles
pour empêcher l'ennemi de couper la ligne. Contre
toute attente, en dépit de l'absence de quatre de
ses vaisseaux , de l'heure tardive, de l'absence de carte,
de l'impossibilité de réunir ses capitaines
et concerter un plan, Nelson a décidé de passer
à l'attaque et d'assumer les risques d'un combat
nocturne. Vers 18h30, toute l'avant-garde française incluant le Franklin est accablée des deux bords par une force supérieure. Pour ne rien arranger, le Guerrier et le Conquérant, deux vétérans dont les coques pourries volent en éclat à chaque coup ennemi, sont surpris avec leurs batteries bâbord - côté terre masquées. Mais la chance ne sourit pas à tous les Anglais. Gêné par la fumée et l'obscurité, le Bellerophon manque son mouillage et s'immobilise par le travers de L'Orient, qui le surclasse de 46 canons et le foudroie à bout portant. S'étant trop avancé, le Majestic s'engage dans les haubans de l'Heureux auquel il reste accroché dans une position désavantageuse. Son capitaine a été tué. Mais le vaisseau français ne saisit pas l'opportunité de l'amariner, les officiers n'étant pas parvenus à faire monter l'équipage sur le pont. Le Majestic parvient à se dégager. Vers 20 heures, Nelson est gravement blessé au visage au point de croire sa dernière heure venue. Le Bellerophon transformé en ponton par L'Orient quitte la ligne et dérive vers le fond de la baie. A
cette heure rien n'est joué et la bataille aurait
pu se solder par la destruction des deux escadres. Mais
à ce moment crucial surgissent le Swiftsure
et l'Alexander, renforts providentiels. L'avant-garde
française étant pratiquement éliminée,
les Anglais se concentrent sur le centre et parviemlent
à couper la ligne. A 21 heures, un incendie ravage
L'Orient. Brueys presque coupé en deux par
un boulet meurt sur son banc de commandement qu'il a refusé
de quitter. Sur le Tonnant, Dupetit-Thouars. amputé
d'un pied, meurt à son tour, debout dans un baril
de son, face à son équipage. L'Orient
complètement embrasé explose à 22
heures entraînant dans la mort presque tout son
équipage dont le commandant Casabianca et son fils
de 11 ans. La
victoire anglaise est éclatante. Les pertes françaises
sont très lourdes : 11 vaisseaux et 2 frégates
perdus, 1700 tués, autant de blessés, 3
000 prisonniers relâchés par Nelson, incapable
de les nourrir. En comparaison, les Anglais n'ont que
896 hommes hors de combat dont 218 tués et deux
vaisseaux gravement avariés. |
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Version 05 - Ph-Charpentier
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