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BATAILLE DE DESTROYERS A VELLA LAVELLA - 1943

Dans l'Atlantique, les destroyers avaient un rôle défensif, ils escortaient les convois et faisaient la chasse aux sous-marins. Tandis que dans le Pacifique, ils retouvèrent leur rôle d'attaquant comme le montre cette bataille.

Vella Lavella, quoiqu'elle ne fût pas l'une des grandes batailles de la Seconde Guerre mondiale, donne la mesure des mauvaises rencontres nocturnes entre flottes ennemies, comme il s'en produisit au cours de la campagne des Salomons, et explique pourquoi les destroyers, aussi bien japonais qu'américains, gardèrent leur armement traditionnel. L'île de Vella Lavella, située à quelque 200 miles (320 km) de Guadalcanal au nord-est de l'archipel, fut envahie par les Américains en août 1943 et, le mois suivant, la tranquille garnison japonaise se trouva coincée à la pointe nord-ouest de l'île. La flotte du mikado planifia alors son évacuation pour la nuit du 6 au 7 octobre, dans trois destroyers et quelques bâtiments auxiliaires, couverts par six destroyers modernisés de « l'Express de Tokyo ».

Destroyer de classe Fletcher dont les USS Chevalier et USS O'Bannon

Cette force navale fut détectée par une reconnaissance aérienne. Sa position et sa probable destination furent signalées au capitaine Frank R. Walker, commandant des destroyers USS Selfridge, USS Chevalier et USS O'Bannon, auxquels il fut fixé un rendez-vous avec trois autres destroyers au large du point d'évacuation japonais. Walker, de son côté, savait qu'il avait été repéré par un avion ennemi.
Les destroyers japonais prirent la tête de l'escadre d'évacuation et se divisèrent en deux colonnes parallèles, quatre d'un côté et deux de l'autre. Ils croisèrent peu ou prou la force T de Walker à 22 h 45 et, l'ayant estimée, ne prirent aucune initiative. Réflexion faite, le commandant japonais ordonna deux brusques changements de cap, ce qui causa une certaine confusion dans l'ordonnance de ses navires. Au second changement de cap, la distance les séparant des Américains était tombée à 6 400 m. Walker n'en attendit pas davantage pour saluer l'ennemi « à la japonaise » par une salve de quatorze torpilles. A ce moment, les Japonais se masquaient mutuellement leurs propres tirs. C'était une nuit sombre, éclairée seulement par un quartier de lune, mais traversée par des grains et tout le monde demandait le maximum aux machines. Pendant que les torpilles américaines fendaient l'eau, le Yagumo quitta la formation, et, à une distance réduite à 2. 700 m, tourna sur trois quarts de cercle et, en cours de virage, lâcha huit torpilles.

Le Cowell servit jusqu'en 1982 dans la Marine Argentine, il ne fût rayé par l'US NAVY qu'en 1971.


A 23 h 05, une torpille américaine toucha le Yagumo, qui lui même presque simultanément touchait le Chevalier, second en poste dans la ligne américaine. Sa proue arrachée, le destroyer amorça un virage irrésistible, si malencontreux qu'il entra en collision avec le destroyer américain en fin de file, le O'Bannon, qui, gravement endommagé, s'immobilisa à son tour.
Walker maintenant seul avec son Selfridge se porta sur la paire de destroyers japonais non encore engagés. Mais, depuis environ six minutes, ceux-ci avaient lâché une bordée de seize torpilles que le Selfridge allait, hélas, intercepter. L'une d'elles explosa sous le canon « B », ravageant la proue et laissant le pesant canon jumelé pendant miraculeusement au-dessus des tôles tordues.
Averti de l'approche des renforts américains, Ijuin choisit de se retirer avant de compromettre sa victoire et, après avoir lâché ses dernières torpilles à une distance de 13 km en direction de ses adversaires, vira de bord à toute vitesse. Il était 23 h 17 et toute l'affaire n'avait duré que vingt-deux minutes.
Matériellement, les pertes mettaient les deux adversaires à égalité, avec un bateau perdu de chaque côté, mais les Japonais eurent le meilleur, en ceci qu'ils avaient pu effectuer leur mission d'évacuation.


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