Le débarquement du 6 juin 1944 sur les côtes
normandes a été un succès, l'avance
des troupes alliées s'effectue sur un rythme assez
soutenu, malgré des baisses de régime temporaire.
L'état major espère secrètement pouvoir
terminer la guerre avant la fin de l'année. Pour
cela il faudrait une offensive quasi-générale.
Montgomery, commandant
du XXIème groupe d'armées souhaite une telle
offensive, il la veut vers le nord pour permettre de libérer
la Belgique et la Hollande. Cette offensive aurait aussi
l'avantage de contourner la ligne Siegfried et de frapper
le coeur de l'Allemagne. Par contre, les généraux
américains : Patton
et Bradley préféraient poursuivre la bataille
en cours, c'est à dire exploité les brèches
vers la Sarre. Einsenhower prends la solution intermédiaire.
L'opération "Market-Garden" vient de naître,
le plan imaginé par Montgomery
a été l'heureux élu.
Le but de cette opération est de parachuter des
troupes à l'est des Pays-Bas, non loin d'Eindhoven,
à Arnhem. Pendant ce temps, le XXXème corps
du général Horrocks, fer de lance de la
IIème armée britannique, doit créer
une brèche puis foncer en direction des parachutistes
pour que cette brèche devienne un couloir. Les
paras doivent s'emparer des ponts qui traverse la Meuse,
l'Aa et ceux de différents canaux hollandais ainsi
que deux bras du Rhin. Si cela marche, les blindés
auraient un accès direct sur la Ruhr. Le plan est
présenté le 10 septembre, Einsenhower l'approuve.
La 101ème division parachutiste américaine
du général Taylor, la 82ème de Gavin
et la 1ère division parachutiste anglaise du général
Urquhart sont requises pour ce qui sera le plus grand
assaut aéroporté de tous les temps. Ce dispositif
est complété par une brigade parachutiste
polonaise du colonel Sosabowski. Le tout est sous les
ordres du général anglais Browning. Le but
est simple, les paras seront largués autour de
ponts vitaux, ces derniers devront être pris intacts
par les paras qui attendront la venue du XXXème
corps. Ce dernier, doit percer les lignes allemandes pour
rejoindre Eindhoven, Nimègues et Arnhem. Les paras
anglais ont une tâche ardue, en effet, ils sont
au bout de la chaîne. Ils devront à Arnhem,
attendre l'arrivée du XXXème corps, on leur
a promis une attente maximum de deux voir trois jours.
C'est énorme pour des troupes qui viennent de sortir
du débarquement, même si c'est des troupes
d'élites, leur matériel est léger,
pas de blindés, pas d'artillerie...
Mais va pour deux jours. Pourvu que ce pont ne soit pas
trop éloigné.
Le 10 septembre, les objectifs sont clairs et nets. La
101ème doit prendre les ponts du canal Wilhelmine
et du canal Zuid Willens. Les hommes de la 82ème
doivent contrôler les ponts de Grave et de Nimègue.
Et pour conclure, la 1ère division parachutiste
anglaise doit s'emparer du pont d'Arnhem. Par la suite,
la 52ème division écossais aérotransportée
doit être mise à terre à côté
d'Arnhem sous la condition que le XXXème corps
est percé et qu'il est pût construire un
terrain d'atterrissage. Premier point noir, les zones
de saut prévues pour les hommes du général
Urquhart sont assez éloignées du pont lui
même. De plus, faute d'un nombre suffisant d'appareils
de transport, la 1ère division aéroportée
anglaise ne sera pas au complet le premier jour. Le premier
jour, seulement un tiers des effectifs sera sur le terrain.
Mais la priorité est donnée aux divisions
américaines, car rien ne sert de tenir Arnhem si
les ponts précédents ne sont pas pris et
tenus pour que le XXXème corps puisse passer. La
division blindé de la Garde du Major Général
Adair doit foncer vers le Nord pour faire la jonction
avec les paras de la 101ème puis de par la suite
de la 82ème américaine.
Du côté allemand, le général
Model, commandant le groupe d'armées B, vient de
recevoir en renfort la 1ère armée parachutiste
et deux divisions SS, "Hohenstaufen'" et "Frundsberg".
Ces deux divisions sont sous les ordres du général
Bittrich car elles sont intégrées au corps
blindés SS. Le PC de Bittrich est d'ailleurs proche
d'Arnhem. La résistance hollandaise a confirmé
les photos aériennes, des blindés en nombre
assez important sont présents dans les alentours
d''Arnhem. Mais Montgomery
ne veut pas remettre son projet, son bébé.
Le dimanche 17 septembre, après des bombardements
importants, les premiers paras sont largués, les
premières vagues tombent prés du QG du général
Model, qui doit l'évacuer. Mais un planeur américain
transportant des troupes a été abattus et
les allemands découvrent sur le corps d'un officier
américain, tous les plans de l'opération
Market-Garden. De suite, Bittrich donne ordre à
ses deux divisions de bloquer l'accès du pont d'Arnhem.
Les anglais ne progressent pas vite, ils ont des problèmes
radio, les liaisons ne passent pas entre Arnhem et les
zones de saut. A la tombée de la nuit du 17 septembre,
les hommes du bataillon du colonel Frost arrivent à
la hauteur du pont d'Arnhem. Pendant ce temps, au sud,
les amércains ont pris le pont de Grave mais peinent
sur celui de Nimégue. Par contre les objectifs
du général Taylor ont tous étaient
atteint. Les blindés des Irish Guards eux aussi
ont du mal à progresser. Ils sont pris à
partie par les paras allemands récemment arrivés.
Le 18 septembre, la liaison est établie entre le
XXXème corps et les paras américains. Mais
la progression a été plus lente que prévue.
La 1ère division aéroportée anglaise
est maintenant au complet et tant mieux car les allemands
font le forcing pour reprendre la totalité d'Arnhem.
Le 19, les premières unités du XXXème
corps sont à Nimègue. Mais à environ
15 kilomètres de là, les anglais ont un
mal fou pour tenir le nord du pont d'Arnhem. Le bataillon
Frost a transformé toutes les maisons en fortin.
Voyant l'échec se profiler, le général
Urquhart décide de regrouper ces troupes, sauf
celles de Frost, pour essayer de fixer les allemands.
Cela, aidera peut être les anglais du XXXème
corps et soulagera peut être le colonel Frost.
Le 21 septembre, déjà 4 jours, le colonel
Frost compte ses hommes, ils sont moins d'une centaine
à tenir la sortie nord du pont d'Arnhem. Le réduit
constitué par Urquhart ne peut joindre les polonais
de Sosabowski qui ont été largués
il y a peu de temps. Afin d'éviter une destruction
totale de la première division aéroportée
le général Urquhart décide d'évacuer
et d'essayer de rejoindre les lignes américaines
et du XXXème corps. Le 25 et 26 septembre, soit
9 jours après les premiers largages, les rescapés
regagnent les lignes alliées.
L'opération est un échec complet sur le
plan des effectifs, par contre c'est un demi échec
pour les objectifs. Depuis ce temps, et en mémoire
des diables rouges tombés, notamment ceux du colonel
Frost, les paras anglais ont un ruban noir derrière
leur béret. Le colonel Frost et ses hommes ont
été des hommes d'honneurs, des combattants
mais surtout des résistants. D'assiégeants,
ils sont devenus assiégés, on leur avait
dit 2 jours, ils ont tenu 9, pas 10.