Staline
veut une grande Russie, tout le monde le sait, mais
il veut plus. Il désire une grande Russie avec
des points d'accès sur une mer libre. La Pologne
a vécu alors il lorgne sur la Finlande.
Le
21 janvier 1932, la Finlande et la Russie ont signé
un pacte de non-agression et d'inviolabilité
des frontières, ce pacte reconduit en 1934, court
jusqu'à 1945. Alors pourquoi s'inquiéter
? Pourquoi, la Finlande aurait-elle peur de sa voisine
?
Peu
à peu, les Finlandais sentent le danger venir.
La Russie, réclame la vente pour 30 ans de la
presqu'île d'Hanko. Elle a une place stratégique
importante et de premier choix, en effet, elle contrôle
l'accès aux golfes de Botnie, de Finlande et
de Leningrad.
Pour
éviter le désastre, la Finlande est prête
à certaines concessions mais pas sur Hanko, elle
rappelle ses réservistes et monte les niveaux
d'alertes, au cas ou. Le 26 novembre prenant prétexte
d'un incident militaire monté de toute pièce
par les Soviétiques, les Russes demandent le
retrait des troupes finlandaises à 20 kilomètres
de la frontière. Le 28, elle dénonce le
pacte de non-agression, puis le 30 novembre, la guerre
éclate sans aucune déclaration. Quelques
heures plus tard, Helsinki est déjà bombardée.
Le
géant est un pays de plus de 175 millions d'âmes
contre à peine 3,5 millions de finlandais. Les
Russes peuvent aligner plusieurs dizaines de divisions
et 800 avions, les Finlandais ont du mal à réunir
200 000 hommes et une petite centaine d'appareils pour
beaucoup obsolètes.
L'armée
rouge peut frapper où elle le souhaite, au sud,
au centre ou au Nord. Tout le monde ne donne pas chère
de la peau de la Finlande. Sauf peut être le Maréchal
Mannerhreim, le commandant en chef des troupes finlandaises.
Tout au plus 3 ou 4 jours lui donne-t-on. La surprise
est totale. Courageux et surtout bien commandé,
les Finlandais font mieux que résister. La neige
et les hauteurs, ils connaissent, ceux sont des skieurs
chevronnés, avec courage et bravoure ils combattent
les blindés russes en jetant dessus des bouteilles
remplis d'alcool et d'autres produits, on appellera
cela plus tard les cocktails Molotov. Leurs actions
ralentissent les Soviétiques.
Ces
derniers malgré le nombre, ont une chaîne
de commandement trop lourde et complexe, leurs armes
et équipements ne sont pas au niveau où
ils devraient être. Les revers sont cinglants.
Les contre attaques finlandaises portent. Le meilleur
exemple, est la bataille de Tolvajari, qui le 12 décembre
voit prés d'un millier de russes prisonniers
et plusieurs centaines tués où disparus.
Mais Petsamo tombe car la supériorité
numérique de l'armée rouge est trop écrasante.
La
France, l'Angleterre et les autres alliés doivent
et veulent réagir. Mais comment faire s'en se
mettre Staline sur le dos ? Ils ont déjà
Hitler comme adversaire et ils ne veulent pas avoir
en plus l'armée rouge. A Paris, Daladier est
décidé à intervenir, le 4 janvier
1940, il crée une brigade de haute montagne composée
de 6 bataillons de chasseurs alpins, elle sera sous
les ordres du colonel Béthouart. La France est
prête à affronter la Russie. Béthouart
a 6 bataillons de chasseurs alpins (BCA) sous ses ordres,
ils seront divisés en deux demi-brigades. La
51ème demi-brigade qui comprend les
13ème, 53ème et
67ème BCA et la 27ème
demi-brigade avec les 6ème, 12ème
et 14ème BCA. A peine un mois plus
tard, le général Audet prend le commandement
d'un groupement de 2 divisions légères
de chasseurs et d'une division d'infanterie, soit un
total de plus de 35 000 hommes. Ce n'est pas tout, les
légionnaires et les Polonais seront de la partie,
la Légion met sur pied la 13ème
DBLE d'environ 2300 hommes. Cette 13ème DBLE
est constituée de 2 bataillons. L'armement des
français est assez moderne, le
fusil MAS 36, le FM 24-29, des mortiers de 60 et
81, des canons antichars... Cet équipement est
assez fiable et de bonne facture, le gouvernement est
confiant envers son commandement, son matériel
et ses hommes.
Mais
les Soviétiques ne comptent pas rester sur un
revers de cet ordre, ils envoient 12 divisions d'infanterie,
4 brigades blindées lourdes vers la Carélie.
10 divisions vers le lac Ladoga et enfin 6 autres divisions
vers Salla - Suomussalmi. Toutes ces troupes sont appuyées
par des blindés et l'aviation russe est seule
dans le ciel finlandais ou quasiment seule.
L'attaque
générale des soviétiques est déclenchée
le 11 février 40, cette fois le géant
est vraiment trop fort. Les Finlandais essayent tant
bien que mal de résister à l'ogre. La
ligne de défense Mannerheim est enfoncée,
les défenseurs sont débordés par
le nombre. Le 3 mars, l'armée rouge menace Helsinki,
car elle prend les hauteurs de Viborg. Les Finlandais
marquent quelques points en détruisant 2 divisions
russes prés du lac Ladoga, maigre réconfort
car l'armée est ébranlée. Pendant
ce temps, les hommes de Béthouart sont bloqués
l'arme au pied. Le politique hésite à
franchir le pas qui le mènerait à l'affrontement
direct avec Staline. Dans le principe, anglais et français
sont d'accord, il faut aider et soutenir les Finlandais,
mais dans les actes c'est loin d'être aussi tranchant.
Les
Finlandais se rendent compte qu'ils sont seuls, pour
éviter la prise d'Helsinki, ils décident
non sans regret de négocier avec le géant.
Le cessez-feu intervient le 13 mars à 11 heures
du matin.
La
Finlande doit consentir d'importants sacrifices territoriaux.
La Finlande a perdu sa guerre mais plus grave encore,
les alliés ont montré leur faiblesse,
ils ne peuvent intervenir face aux géants russes
et allemands. Ceci coûtera sa place à Edouard
Daladier, la chambre le sanctionne en lui refusant sa
confiance.